Facteur clé de réussite, le chef de projet réunit à la fois une expertise technique à toute épreuve et un grand nombre de compétences comportementales. Les méthodes agiles et la généralisation du travail à distance font aussi évoluer les pratiques managériales.
La réussite d’un projet est très souvent conditionnée par la personnalité de celui qui le dirige. Au-delà de son expertise technique, un chef de projet doit réunir un grand nombre de qualités humaines. Le poste réclame à la fois de la rigueur pour planifier les tâches, tenir le budget et les délais et un excellent relationnel avec une bonne dose d’empathie. Sa mission principale : révéler le meilleur de ses collaborateurs et le mettre au service de la réussite du projet.
Ces dernières années, la posture du chef de projet a évolué avec notamment la généralisation des méthodes agiles. Fini le management directif de type « command and control », il endosse un rôle de coach et d’animateur au service de son équipe. Ce que les anglo-saxons décrivent sous le concept de « servant leadership ». En bon facilitateur, le chef de projet aide ses collaborateurs à surmonter les problèmes du quotidien. Réactif, il répond rapidement aux interrogations de son équipe, ménage les susceptibilités et démine les conflits avant qu’ils ne s’enveniment.
Ce management bienveillant a montré toute son importance depuis le début de la pandémie. « Du jour au lendemain, il a fallu s’organiser et faire preuve de pédagogie et de patience pour accompagner les équipes dans le travail à distance, se souvient Cédric, chef de projet chez 42c pour le secteur des médias (42 Mediatvcom). Les rituels de l’agilité ont dû être transposés en mode « full remote », à commencer par le « daily », le rapide point de suivi du début de journée.
A défaut de déplacer des post-it sur un mur, le management visuel a, lui, été reproduit virtuellement par des outils de gestion de projet et de planification des tâches comme Trello ou Jira d’Atlassian. De même, Cédric a trouvé un équivalent au tableau blanc qu’il utilise habituellement dans les réunions physiques. Le chef de projet a également rappelé les règles de courtoisie à respecter durant une réunion en visioconférence comme couper les micros pour éviter la cacophonie. « En revanche, je n’impose pas d’activer la caméra même si cela offre la possibilité de voir le collaborateur et donc d’évaluer son état d’esprit et de forme du moment. »
Pause-café virtuelle et horaires flexibles
Alors que l’aspect humain prime dans les métiers d’une ESN, le desserrement du lien social pèse parfois sur les esprits. Pour le maintenir, Cédric a institué des moments de détente en marge des réunions de travail en visioconférence. Durant ces pauses café virtuelles, la caméra est cette fois activée afin de capter les signaux faibles de la communication non verbale « C’est l’occasion d’évaluer le niveau de stress de l’équipe, estime-t-il. Certains développeurs ont tendance à se surinvestir faute de frontières entre leur espace de travail et leur domicile. Je leur rappelle qu’il faut s’octroyer régulièrement des temps de pause. »
Au-delà du volet outillage et organisationnel, le contexte conduit le chef de projet à être davantage dans l’accompagnement. « Avec la crise, des inquiétudes ont pu naître sur, par exemple, la pérennité du projet et son éventuelle remis en cause. Il faut rassurer. En tant que tampon social, le chef de projet doit régulièrement prendre la température physique et psychologique de ses équipes. » Au-delà des réunions de groupe, un « call en one-to-one » permet de s’intéresser à une personne en particulier, de veiller à son bien-être.
La fin du présentéisme
Pour Eric, chef de projet chez 42c spécialisé dans la finance, il convient aussi d’être flexible sur les horaires. « Des collaborateurs ont adapté leur rythme à leur situation personnelle, préférant, par exemple, travailler le soir, une fois les enfants couchés. Avec le télétravail, la vie privée s’invite dans la sphère professionnelle. Il y a des contraintes et des aléas, comme aller chercher un colis en journée, dont il faut tenir compte. »
Selon lui, c’est la fin du « management à la papa » où le chef de projet surveillait visuellement ses subordonnés et s’assurait qu’ils respectaient bien les horaires de travail. Ce mode privilégiant le présentiel est remplacé par un management aux résultats. « Au bout du compte, l’essentiel c’est que les livrables soient livrés à temps. » .
« Le présentiel n’a plus de sens », abonde Cédric. Il note que toutefois que trouver un créneau horaire commun pour une réunion de groupe relève parfois du challenge.
De façon générale, il observe que le télétravail fait gagner en productivité avec la suppression des temps de trajet et des éléments perturbateurs qui nuisent à la concentration au bureau. « Les réunions sont plus courtes, passant d’une heure à une demi-heure. Elles sont aussi plus efficaces avec un nombre réduit de participants, un ordre du jour bien statué, des points d’avancement clairs et synthétiques. Cela évite la réunionite puisque tout le monde n’est pas présent au même moment dans le même espace de travail. » Un des nombreux enseignements à tirer de cette crise.