Lancé cet été, le laboratoire de 42c a vocation à fédérer les expertises transverses et à favoriser l’innovation au sein du groupe. Les explications de Damien Gosset, Vice President of Engineering et d’Emmanuel Joubard, Operation Manager.
Quelle réflexion a présidé à la création du 42c Lab ?
Damien Gosset : 42c Lab vise à retrouver l’esprit geek et l’ADN qui présidaient à la création de 42c.
Le lancement de ce laboratoire vise aussi à porter l’innovation au sein du groupe en rassemblant des expertises transverses. Le modèle des ESN traditionnelles arrive, à mon avis, à bout de souffle avec notamment la volonté des entreprises à réinternaliser certaines compétences clés.
Une société de services doit aujourd’hui porter une vision sur les technologies innovantes et leurs apports pour le business et délivrer des prestations à haute valeur ajoutée comme de la R&D à la demande.
En ce sens, 42c Lab doit être une vitrine des synergies qui s’opèrent au sein du groupe à travers ses business units et ses filiales. Il n’y avait pas jusqu’à présent d’entité qui assurait cette transversalité.
Quelles sont ses différentes missions ?
DG : Elles sont multiples. 42c Lab réalisera tout d’abord des projets internes afin de poursuivre la digitalisation de nos process. Par exemple, notre filiale 42c SI, spécialisée dans la sécurité incendie, n’a pas d’outil digital spécifique à son métier. Ces développements spécifiques pourraient aboutir, dans certains cas, à des produits sur étagère, monétisables sous forme de licence en mode SaaS.
Le laboratoire permettra aussi pérenniser une culture de la R&D au sein du groupe. Une R&D que je souhaite agnostique, loin des guerres de chapelles. Nous embarquerons des outils du monde libre au quotidien tout en contribuant à un ou deux projets open source. Cette participation aux communautés valorisera l’expérience des collaborateurs tout en renforçant la notoriété du groupe.
Côté clients, le laboratoire assurera la création d’assets technologiques : logiciels, frameworks, infrastructures, méthodologie DevOps… Une entreprise externalise une problématique, nous la traitons et la livrons. Cette prestation au forfait pourrait notamment intéresser des institutions de la bancassurance dont l’organisation interne n’a pas toujours l’agilité nécessaire à ce type de projet.
Grâce au partenariat de 42c avec Amazon Web Services, 42c Lab pourra également fournir des briques d’infrastructures du cloud d’AWS aux entreprises clientes. Le laboratoire servira également de bac à sable (sandbox) pour que nos consultants internes expérimentent de nouvelles architectures cloud. Enfin, 42C Lab a vocation à démocratiser des technologies innovantes dans les domaines de la réalité augmentée ou de l’intelligence artificielle avec une approche pragmatique. Sous-partie de l’IA, le traitement automatique du langage naturel (NLP Natural language processing) offre, par exemple, des cas d’usage très concrets comme le traitement des flux documentaires. Nous allons travailler en ce sens avec la startup Hugging Face dont les technologies NLP sont utilisées par Facebook.
Emmanuel Joubard, Operation Manager chez 42c
Emmanuel Joubard : Si l’on zoome sur le secteur des médias, 42c Lab permettra de réaliser des POC portant sur la création de chaînes de TV dans le cloud, de la fabrication de contenus en live ou en flux jusqu’à leur diffusion.
Cette démocratisation du déploiement d’une chaîne de TV présente de gros enjeux économiques. Il s’agit aussi pour les acteurs des médias de se positionner au-delà de la TNT sur la diffusion de contenus sur Facebook Live et YouTube.
Mais au-delà de la réalisation POC, 42c Lab leur permettra de toucher du doigt l’innovation et de créer des retours d’expérience.
Comment 42c Lab favorisera les synergies au sein de 42c ?
EJ : En montrant l’offre globale de 42c, 42c Lab servira de vitrine pour exposer nos synergies au sein du groupe. Il sera possible de croiser deux expertises verticales comme dans la banque et les médias.
Par exemple, une néobanque pourrait créer une chaîne de TV de bout en bout à destination de sa clientèle VIP.
DG : L’expertise en datascience de SixFoisSept sera forcément mise à contribution, la valorisation de la data s’inscrivant dans la plupart des projets innovants.
42c Lab est, bien sûr, ouvert aux étudiants de l’Éstiam. Il accueille déjà quatre alternants et deux autres vont bientôt le rejoindre. Les élèves de l’Éstiam utiliseront aussi 42c Lab dans le cadre de leurs projets d’études.
En matière de collaboration, quel sera l’équilibre entre présentiel et distanciel ?
DG : 42c Lab sera incarné par un espace dédié. Ce showroom sera basé à notre siège social, rue Paul Meurice dans le XXème arrondissement de Paris. La création d’un lieu physique n’empêche pas la collaboration à distance. Ce n’est pas antinomique. La géographie n’impacte ni le savoir ni les compétences des intervenants. La question se posera de toutes façons rapidement avec le recours à des experts à l’international. Les contacts physiques restent néanmoins essentiels pour se connecter entre humains.
Il y aura une restitution des travaux de 42c Lab sous forme de conférences en ligne et de webinaires. Les premiers bénéficiaires seront nos consultants mais ce partage de connaissances profitera aussi à une communauté de pairs plus étendue. Le prochain webinaire, qui se tiendra fin octobre, traitera du concept de produit minimum viable (MVP, Minimum Viable Product) dans une approche agile. Un sujet qui intéresse des chefs de projet mais aussi une population de décideurs comme des DSI.
EJ : 42c Lab sera une bonne occasion pour faire venir les clients chez nous, d’échanger dans un lieu dédié. Le showroom montrera l’étendue de nos prestations. Ensuite, les échanges peuvent se poursuivre à distance avec des fonctionnalités de tableau blanc collaboratif. Nous sommes un laboratoire d’innovation, pas question de nous enfermer dans un modèle et opposer présentiel et distanciel.
Quels sont les enjeux RH auxquels le laboratoire répond ?
DG : 42c Lab répond à des enjeux de formation et de transfert de compétences. En son sein, cohabiteront des chercheurs, des doctorants, des étudiants en alternance, des experts seniors spécialisés dans les médias ou la finance mais aussi des consultants juniors qui doivent se former à une technologie avant de partir en mission.
Actuellement, le laboratoire accueille, outre les alternants, trois consultants à temps complet, d’autres plus ponctuellement, et des freelances.
42c Lab doit aussi être un point de ralliement permettant aux consultants en mission de lever la tête. Un ingénieur peut, par exemple, avoir développé en .Net dans sa mission actuelle et souhaiter s’ouvrir au framework Angular.
Le laboratoire permettra de renforcer l’état d’esprit d’équipe en partageant des projets communs et le sentiment d’appartenance au groupe. Il a vocation à embarquer le plus grand nombre de collaborateurs. Mais, il faut rester humble. Le projet est, dans le contexte actuel, ambitieux. Pour autant, il ne fait que démarrer.